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HISTORIQUE

L'origine du nom PERNAY

La première mention de la commune est due à Grégoire de Tours au VIe siècle. Son nom est alors Paternacensis Parochia. Elle se transforme au fil des époques en Perronay, Perrenay pour devenir Pernay, aux environs du XIXe siècle.

Un peu d’histoire

La commune de Pernay couvre 17 ,61 km². Elle s’est développée autour de l’église dédiée à Saint Nizier fondée par Grégoire de Tours au VIe siècle.

Au XIe siècle apparait en France le mouvement communal qui sera ensuite défini en 1790. Auparavant le territoire était divisé en fiefs. Certains appartenaient  au domaine royal et étaient concédés soit à des nobles, soit à des roturiers, souvent marchands. C’étaient des  fieffermes. Parmi les anciens fieffermes , on notera les lieut-dits de Beauchêne, La Martinière, La Moisandière, La Pinardière, Villenelle, Garande Thilouze et Garget.

D’autres relevaient de l’aristocratie foncière tels le fief de la Ronde, celui de la Boiderie et La Chatellenie de PERENAY. On trouve mention des premiers seigneurs de PERRONAY au début de XIIIe siècle dans des chartes tourangelles. La Chatellenie  fut ensuite rattachée à la seigneurie de Maillé ( l’ancien nom de Luynes), puis au Duché-pairie de Luynes avec les fiefs de Fouinais et de L’Hérisseaudière.

On connait le rôle que tenait l’église à cette époque et parmi les seigneurs, celui qui avait fondé, bâti ou doté une église, avait acquis pour ses héritiers un droit de patronage pour la paroisse. La Châtellenie de Pernay où s’élevait l’église devenait ainsi le siège de la paroisse.

C’est donc là que se tenait, à partir de 1600 le registre sur lequel étaient répertoriés baptêmes et sépultures puis mariages .A partir de 1667, ces registres furent tenus en double : un exemplaire au curé et un au greffe du baillage. Le bailli de Maillé, représentant du seigneur demeurait au Palais de justice que l’on peut voir encore aujourd’hui.

Ces registres furent ensuite détruits par les révolutionnaires de la commune en application du décret du 17 juillet 1793 et les registres d’état civil succédèrent alors aux registres paroissiaux et la paroisse devint une commune de 400 habitants

En 1841 le domaine des Hérissaudières fut rattaché à la commune de Pernay qui avoisinait alors les 500 habitants. Ce chiffre oscillera entre 500 et 600 jusqu’en 1982 ; La population de Pernay atteint aujourd’hui 1350 habitants. 

Hier - Aujourd'hui

L'église de Pernay : 1500 ans d'histoires

En cette année 2016 ou l’on commémore  les 1700 ans de la naissance de St Martin, nous avons choisi de mettre l’accent sur un édifice symbole d’une paroisse qui a traversé les âges depuis 1500 ans : l’église de Pernay.

entrée bourg penay 1915

Des origines de la paroisse

Le site de Pernay, peut être grâce à sa richesse en pierres, est  occupé depuis très longtemps. Déjà,  au 6e  ou 7e siècle existait  un groupement d’habitations, un vicus nommé Paternacus dans lequel on a frappé de la monnaie : ont été retrouvées en effet des pièces mérovingiennes  portant  des inscriptions  « paternaco » ou « paternaco vico ».

Or c’est à cette époque du haut moyen âge (entre le 6e et le 9e siècle) que sous l’impulsion des premiers évêques de Touraine  se développent les premières églises chrétiennes. A la suite de St Gatien arrivé vers 250 dans la ville de Caesarodunum (ancien nom de Tours), St Martin évangélise le peuple des Turons au 4e siècle. Sur sa tombe sera fondée la Basilique St Martin de Tours dont le rayonnement dépassera largement  la région.

Mais c’est à  St Grégoire  que nous devons la première mention de notre « paroisse » et que nous pouvons nous enorgueillir de posséder une des plus anciennes églises de Touraine. 

Parochia Paternacencis

St Grégoire, évêque de Tours de 573 à 595,  nous a laissé un des premiers témoignages écrits  de l’histoire politique et religieuse de son temps. Il  relate notamment la fondation de nombreuses églises en Touraine  dont celle de Pernay.

Il écrit dans «  La vie des Pères ou de quelques Bienheureux », qu’il existe  une communauté de chrétiens  rassemblée autour d’un lieu de prières fondé par un certain Litoméris en l’honneur de St Julien,  dans un endroit qu’il nomme « Parochia Paternacencis » 

St Grégoire décide d’officialiser ce lieu de culte en dédicaçant l’église conjointement à St Julien et à  St Nizier, évêque de Lyon (qui est aussi son oncle) qui vient de mourir. Lors de la  cérémonie il déposera selon ses propres mots : quelques filaments du mouchoir qui recouvrait le visage du saint(Nicetius) au jour de sa mort et quelques franges du voile qui couvrait le saint tombeau (de St Julien). Ces reliques seront placées vraisemblablement à l’intérieur de l’autel comme cela en était l’usage. 

entrée bourg penay 1915

Extrait des écrits de Saint Grégoire au VIè siècle

 

  VIII. De saint Nicétius , évêque de Lyon…. Nicétius mourut à l’âge de soixante ans, dans la vingt-deuxième année de son épiscopat…..….moi-même, ayant un mouchoir garni de franges qui avait couvert le visage du saint au jour de sa mort et en ayant placé quelques filaments dans une église de Touraine dont je fis la dédicace, Parochia Paternacensis, un épileptique qui était serviteur de Phronimius, évêque d’Agde (569-585), y recouvra la santé. (Dans Vie des Pères ou de quelques bienheureux) 

L. Un certain Litoméris ayant bâti une église en l’honneur de saint Julien sur le territoire de Tours, et Grégoire y ayant placé en la dédiant des reliques du saint et de saint Nicétius de Lyon, un aveugle y recouvra la vue. (Dans Les sept livres des Miracles: Livre deuxième — De la passion, des miracles et de la gloire de saint Julien martyr)

St Nizier et St Julien

Après la période troublée des invasions normandes du 9e siècle, l’église dédiée à  St Nicétius est construite (ou reconstruite) en « petit appareil », méthode  héritée des gallo–romains, au siècle suivant. Des éléments architecturaux de cette époque subsistent à l’entrée de notre église actuelle : deux  fenêtres meurtrières voûtées en plein cintre d’une seule pierre évidée. On retrouve  également des caractéristiques architecturales  du 10e siècle dans la Chapelle St Julien qui se trouve un peu plus haut sur la route de Cinq Mars La Pile. Ces deux édifices semblent avoir été bâtis à la même époque sans que l’on sache lequel des deux sites abritait le premier oratoire dédié à St Julien mais  désormais, chaque Saint dispose de son propre lieu de culte : l’église dédiée à St Nizier et la chapelle dédiée à St Julien (1). 

De saint Nizier à St Denis

Les témoignages écrits  à propos de la paroisse ne réapparaissent qu’au 13e siècle dans un pouillé du Cartulaire de la Cathédrale de Tours : ils citent la Parochia Sancti Nicesii de Pernayo et attestent  de sa pérennité. (2)

L’église est agrandie ensuite au 15e siècle. Le clocher reposant sur six gros piliers de bois, visibles à  l’entrée de l’église,  date de cette même époque. La charpente de la nef est en forme de carène de bateau inversée et 5 belles  poutres  horizontales polychromes la consolident. C’est peut être lors de cet agrandissement que la dédicace passe de St Nizier à St Denis comme cela arrivait parfois lors de la reconstruction d’une église. En tout cas le  29 juin 1614, le Saint Patron de la paroisse est déjà Saint Denis. Un procès-verbal du Notaire du Comté de Maillé Jacques Baudrée établit que la convocation à l’assemblée des états généraux  par le roi a bien été lue par : «  Mr le Curé de l’église Paroissiale St Denys de Perrenay au prosne de la grande messe ditte ce jourd’hui…»

 

(1)On a la trace de l’existence d’un chapelain pour St Julien en 1714 puis 1771 par l’Abbé Chivert, curé d’Ambillou qui, en 1865 a laissé une notice conservée à la mairie d’Ambillou concernant l’historique de la paroisse d’Ambillou  et dans laquelle il évoque à plusieurs reprises celle de Pernay

 

(2). Ce pouillé, registre qui contenaient  les titres et bénéfices des propriétés du clergé,  permettait de réclamer le versement de la dîme, impôt  institué  par Pépin le Bref et Charlemagne. Il a malheureusement brulé lors de l’incendie de la bibliothèque de Tours en 1940

(3) Extrait du document du greffe du baillage de Tours (orthographe conservée) aimablement communiqué par Mr Jean-Hugues MARAINDAZ (association Nature et Patrimoine en  Gâtines des Landes)

Les Saints Guérisseurs

St Nizier ayant miraculeusement guéri  un épileptique (selon St Grégoire),  la croyance populaire attribuait à ses reliques le pouvoir de guérir les possédés. En effet,  la crise du grand mal épileptique étant très impressionnante on la pensait être une manifestation du Malin. On remarquera que Saint Denis, qui avait marché avec sa tête à la main  après sa décapitation (selon  le récit de son martyre) était invoqué pour la guérison des maux siégeant à la  tête. En 1861, selon l’Abbé Chivert, « la Mère Ménard »  envoie toujours se soigner à Pernay les victimes du « Mal de la saint Denis » autre nom des troubles du comportement et autres possessions diaboliques : Les Saints ont changé mais  la tradition populaire est restée la même pendant plus de 1000 ans…

 De la paroisse à la commune

On ne sait pas ce que devient l’église aux 16e  et 17e siècles, les registres paroissiaux qui pourraient nous donner des informations sur ces périodes seront brulés par les révolutionnaires en 1793 conformément à l’édit du 17 juillet. Seront détruits également les tombeaux que renfermait l’église, dont  celui de François de Lournay  seigneur de Fouinais datant de 1506.

De plus en 1789, les biens du clergé ont été déclarés propriété nationale et transférés aux communes. La chapelle  Saint Julien desservie  jusqu’à lors par un chapelain, finira par être  vendue le 15 brumaire de l’an V soit le 5 novembre 1796. Elle est aujourd’hui  complètement désaffectée et transformée en grange.

Lorsque sont créées les communes et les départements après la révolution en 1790, leurs limites reprennent très souvent les limites des paroisses : la Paroisse St Denys se fond avec la commune de Perenay…et la portion dite aujourd’hui « de la laiterie », contre toute logique topographique, reste sur la commune d’Ambillou.

Les Haies Bodineaux

 Le hameau se situe à la sortie de Pernay sur la route de Langeais ; le site de l’ancienne laiterie en fait partie. Avant la généralisation des registres paroissiaux et à fortiori en leur absence, le lieu où étaient inhumés les défunts constituait une preuve de leur appartenance à la paroisse. Or en 1617 sont déjà enterrés à Ambillou des habitants du lieu-dit « Les Haies Bobineaux », du fait (selon l’Abbé Chivert) d’une « défection » ou d’un « empêchement » du Curé de Pernay à enterrer sur la paroisse St Denis, les habitants du hameau, décimés par une épidémie. Ils seront donc pris en charge par le curé d’Ambillou, intègreront sa paroisse et feront partie de la commune d’Ambillou établie à la révolution.

L’église St Denis au 19e siècle

L’aspect architectural actuel de l’église date du 19e siècle. Ayant été fortement endommagé avant la révolution par une tempête, le chœur est entièrement reconstruit en 1827  et couvert d’une charpente-berceau à vaux, dite à la Philibert Delorme.  Du plâtre imitant un parement en pierre recouvre entièrement les voute et les murs.

Au cours des années suivantes, on perce des ouvertures pour amener de la lumière: le portail que l’on surmonte d’un tympan en vitrail  et d’un oculus et des baies latérales. Les donateurs participent à la rénovation en offrant deux vitraux latéraux. L’un est offert par Mr Eugène Marquis en l’honneur du Saint Aubert. Le vitrail de St Henri est offert par la propriétaire de la Boiderie Madame de Tourette.  Il représenterait dit-on un membre de sa famille. C’est elle aussi qui  sera la marraine  de la nouvelle cloche installée et baptisée en 1858 par le curé  Théodore Dorion.

Et c’est ainsi, presque inchangée (voir l’épisode du fronton), que l’église traversera le 20 e siècle.

Liberté Egalité Fraternité

 En 1880, le 18 mai, le conseil municipal de Pernay, sur proposition du maire Monsieur Barré, décide à l’unanimité moins une voix de  faire inscrire au fronton de l’église la devise de la république : « Liberté, Egalité, Fraternité ».  La décision est validée par le préfet le 14 décembre  mais le curé l’abbé Meyrand la fait effacer. La municipalité porte plainte et demande le changement de curé pour « manque de républicanisme ». La devise sera réinscrite un an plus tard ce qui coûtera (dit-on) 10 francs aux contribuables. Autour les années 1940, Un notable de Pernay tentera à nouveau de faire disparaitre l’inscription en la couvrant de peinture mais elle sera à nouveau remise après la guerre... Photo 8 : église et son fronton début 20e siècle

L’église au 21e siècle

 Notre église Saint Denis avec ses 1500 ans d’Histoire et d’histoires est  un témoin irremplaçable de notre patrimoine culturel, tant matériel qu’immatériel, le témoin d’une époque dans laquelle le religieux rythmait la vie du village. Aujourd’hui, si l’édifice et son mobilier sont mis à disposition du diocèse  pour la pratique du culte catholique, depuis la promulgation de la loi de séparation de l’église et de l’état de 1905  ils appartiennent à la commune: il lui en incombe donc l’entretien. A ces deux titres, la municipalité a entrepris depuis 2003 des rénovations qui ont donné à notre église son aspect d’aujourd’hui. Les voutes de la nef et du chœur ont été débarrassées du plâtre qui les recouvraient pour mettre en valeur les charpentes remarquables.

Depuis 2005 on peut à nouveau entendre la cloche résonner dans le village: avant la consolidation de l’édifice, les vibrations ébranlaient le bâtiment trop fortement pour qu’on puisse la faire sonner.

Et récemment, le portail a été rendu accessible aux handicapés afin que tout un chacun puisse pousser la porte quand il le désire : en dehors des offices, l’église St Denis est en effet ouverte tous les jours par des paroissiens bénévoles qui ont à cœur de  continuer à la faire vivre au cœur de notre village.

Sources :

 Archives Association des « Amis du vieux Pernay »

« Notice historique de la paroisse St Martin d’Ambillou par L’Abbé Chivert. » Transcrite en intégralité et classé par sujets par Jean-Hugues MARAINDAZ Pernay pour le réseau d’échange réciproques de savoirs d’Ambillou-Cléré-Pernay. Édition 2011 pour Nature et Patrimoine en Gâtine des Landes.

E. ZADORA-RIO (dir.), Des paroisses de Touraine aux communes d’Indre-et-Loire : la formation des territoires » 2008. Ed La Simarre.

Histoire ecclésiastique des Francs / par saint Grégoire,.... Suivie d'un sommaire de ses autres ouvrages, et précédée de sa vie écrite au Xe siècle / par Odon, abbé de Cluny ; traduction nouvelle par Henri Bordier. 1859-1862, 291 et 481 p

MABILLE. E Notice sur les divisions territoriales et la topographie de l’ancienne province de Tours 3e article 1864 et 5e article -1866 bibliothèque école des chartes www.catalogue.bnf.fr

Carré de Busserolle J.X Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine 1878 www.catalogue.bnf.fr

LOGNON.A Géographie de la Gaulle au Vie siècle 1878-Société archéologique de Touraine www.catalogue.bnf.fr

RANJARD R. La Touraine Archéologique 5ème édition- 1971

COUDERT J.M Dictionnaire des communes de Touraine CLD-1987

JM BOUZY  « A quel saint se vouer: la science des saints guérisseurs de 17es ».wwww.cgcp.asso.fr

www.enluminures.culture.fr

C DELAPLACE Les origines des églises rurales (Ve –VIe siècle) à propos d’une formule de Grégoire de Tours

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